lundi 19 novembre 2012

Dystopie...

 
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Il y a de la colère, beaucoup de colère, dans ce qui va suivre.
Colère de me sentir dénigrée dans mon être, colère de constater la bêtise crasse qui m’entoure à chaque instant, colère de me sentir obligée de parler – et, par là, de participer à un soi-disant « débat public » puant dont je ne peux m’empêcher de penser, profondément, qu’il n’a pas lieu d’être.
Aussi, pour que les choses soient claires, je tiens à le signaler : je ne cherche pas à relancer ce « débat ». Je ne discuterai pas avec vous de ce que j’exprime ici. Je n’écris cet article que parce qu’il m’est devenu impossible de me taire.

Je n’ai pas attendu la mobilisation contre le mariage homosexuel pour constater que la société dans laquelle nous vivons met en péril l’intégrité d’une partie des individus qui la composent, et les prises de position de la droite et d’une partie du centre (pour ne parler que de ceux-là) ne m’ont pas étonnée. Pas plus que le fait que de petits fachos se fassent une fierté de « casser de la gouine et du pédé », comme c’est encore arrivé pas plus tard que ce soir.
Mais là, vraiment, c’est trop. Aujourd’hui, en tant qu’être humain, en tant que femme, en tant qu’individu, je me sens rabaissée et attaquée. Et ce n’est pas une question de sexualité.
C’est ce que j’aimerais faire comprendre à ceux de mes amis qui me répètent qu’on fait beaucoup trop de foin autour de cette affaire alors qu’on pourrait se battre sur des choses plus importantes. Ce qui est en train de se dire aujourd’hui haut et fort, c’est que dans ce pays à la devise frelatée, on considère qu’il est normal que certains aient moins de droits que d’autres et que la vie privée des individus influe sur leurs droits.
Ce combat n’est pas simplement le combat des homosexuels pour l’accession au mariage et à l’adoption. Ce combat, c’est celui de tous ceux qui revendiquent pour eux et pour les autres le droit à la liberté de vivre leur vie (la seule qui leur soit donnée de vivre) comme ils l’entendent. C’est celui de tous ceux qui aiment, qui ont aimé, qui aimeront un jour ou qui n’aimeront jamais. C’est le combat de tous ceux qui veulent des enfants ou n’en veulent pas, mais considèrent qu’il s’agit là d’un choix personnel.

Refuser le droit à l’adoption et au mariage aux homosexuels, c’est aussi crétin que d’obliger tous les hétérosexuels à se marier et à faire des enfants. Et dire que nous pensions être dans l’exagération quand nous criions « un foetus dans tous les utérus » lors des fausses « manifs de droite »…
Je rappelle en passant, bien que cela déborde un peu de ce débat, qu’en France, les transsexuels sont contraints de subir des stérilisations forcées pour obtenir leurs nouveaux papiers…
Plus le temps passe et plus l’impression de vivre dans une dystopie est forte !

Quant à tous ceux qui ne se sentent pas concernés sous prétexte qu’ils sont hétérosexuels, réfléchissez-bien :
Ceux qui « cassent de la gouine et du pédé » en fin de manif sont les mêmes que ceux qui braillent régulièrement devant Tenon pour la fermeture du centre IVG, ce sont les mêmes que ceux qui rêvent d’une France débarrassée de toute forme d’immigration, ce sont les mêmes qui rêvent d’un formatage de l’être humain pour l’adapter à leurs idéologies restreintes et restrictives.
Regardez-vous et tremblez. Vous avez certainement quelques centimètres de plus ou de moins que la moyenne, un nez un peu trop long ou trop court, une calvitie naissante, des dents un peu trop écartées ou un léger strabisme. Aujourd’hui on s’attaque à la sexualité des gens, demain, qui sait, ce sera peut-être à leur physique ? ou pourquoi pas, à leurs préférences culinaires…

Alors oui, je suis en colère. Oui, je me sens menacée dans mon intégrité physique. Oui, je prends publiquement position en faveur du mariage et de l’adoption pour tous.
Au nom du droit de chacun à disposer de son corps.
Au nom du droit de chacun à tomber amoureux.
Au nom du droit de chacun à élever des enfants.




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