mercredi 31 août 2011

Et si on parlait de sexe ?

Aujourd'hui, je suis fâchée, en colère, un peu dépitée aussi. On le serait à moins... Imaginez le tableau : vous vous réveillez en cette belle dernière journée du mois d'août et, tout en préparant le café, vous allumez machinalement la radio. Tout semble aller pour le mieux quand tout à coup, une interview vient titiller votre oreille. Le café est dans la tasse, mais vous ne le buvez pas : vous attendez patiemment que le flash info suivant arrive pour vous prouver que vous avez mal entendu. Mais non, il semblerait que l'information soit juste. Elle est titrée "80 députés UMP ont officiellement demandé au ministre de l’Éducation le retrait de ces manuels, qui expliquent l’identité sexuelle des individus autant par le contexte socio-culturel que par leur sexe biologique". Le café restera froid dans la tasse tandis que je pars à la recherche d'autres réactions sur le sujet... Ils m'ont fait perdre le goût du café.

Si vous avez eu la curiosité d'aller écouter les extraits audios de l'article du site de France Info que je vous ai mis en lien plus haut, vous aurez peut-être, comme moi, repéré les passages suivants :

- 1er extrait : "Remettre en cause la notion même de l'homme et de la femme revient à dénier à Adam et Eve de s'être reproduits. On a eu de la chance finalement qu'ils n'aient pas connu cette théorie sinon on ne serait pas là pour en parler." 
Cette phrase fantastique est le produit du député UMP Lionel Lucas, qui, par ailleurs trouve que la théorie des genres telle que présentée dans les manuels n'est pas "scientifique". Au vu de la citation reproduite ici, on peut en conclure que la Bible est scientifique, elle... j'ai bien compris ?

- 3ème extrait : Hervé Myard, autre député UMP, affirme que cette théorie pourrait créer de la "confusion mentale". Du haut de son statut de mâle blanc dominant et férocement hétérosexuel, il a ensuite beau jeu de s'exclamer qu'il faut "arrêter les bêtises". C'est oublier que la question de la sexualité et de l'identité sont des questions complexes qui définissent aussi bien notre rapport à l'autre que notre rapport à nous-même, oublier encore que le public à qui ces livres sont destinés (des adolescents en classe de première) traverse souvent à ce moment une période difficile de questionnement et de recherche qui, si elle est entourée par des préjugés et de l'étroitesse d'esprit plutôt que par la tolérance, la possibilité de dialogue et l'acceptation inconditionnelle de ses choix, mène justement à la plus grande confusion mentale.

Je sais, je m'énerve et mes phrases s'allongent.
Je ne suis finalement pas surprise des réactions de ces députés (m'enfin tout d'même ! 80 ! c'est plus d'un sixième de l'Assemblée Nationale !), mais je reste profondément en colère.
Finalement, c'est Hervé Mariton qui explique le mieux le fond des choses lorsqu'il dit (dans le 2ème extrait) qu'il "redoute" cette théorie qui peut "faire évoluer la famille et l'organisation de la société". C'est bien ça, tout est dit. Surtout ne pas toucher à la société, ne pas faire évoluer cet état des choses qui sert si favorablement ces messieurs. On ne sait jamais, peut-être qu'ils sortiraient perdants de cette évolution, qu'ils disparaitraient ou se retrouveraient minoritaires... En fait, ils ont peur.

Je voudrais quand même remercier Antoine Boulanger, le prof interviewé à la fin du 1er extrait, pour son intervention qui tranche enfin un peu avec tous ces discours rétrogrades.

Et à tous ces #@*$% qui continuent de penser que notre identité sexuelle est innée et inamovible, je voudrais rappeler les mots de Simone de Beauvoir : "on ne naît pas femme, on le devient".
Messieurs, c'est aussi valable pour vous !

A bon entendeur...

3 commentaires:

  1. ouais bon tout ça c'est aussi un peu de la faute des chirurgiens esthétique...

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  2. Wow j'avais raté cette "info"... Il va sans dire que cette proportion de représentants du peuple français élue démocratiquement a tout compris de la vie et est au courant des changements de la société...
    Je comprends que t'en perdes le goût du café !

    C.

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